
Photo: br1dotcom sur Flickr
Cette semaine a encore été riche d'initiatives et d'informations concernant les deux sujets à l'honneur de cette seconde édition des débats du DD. Entre progression de l'insécurité alimentaire et mesure destinées à rendre les villes plus comestibles, les citoyens s'organisent progressivement et usent de leur "pouvoir d'agir collaboratif et 2.0" pour répondre aux défis trop complexes pour que les grands de ce monde arrivent à trouver des solutions rapidement...
L'alimentation sera-t-elle verte au 21è siècle ?
En France, ce ne sont pas moins de six millions d'adultes qui ne mangent pas à leur faim. "Une France des frigos vides", ainsi que l'explique cet article en soulignant que la 29e campagne des Restos du cœur "risque cette année d'atteindre le chiffre record de 1 million de personnes accueillies". Pauvreté monétaire, précarité alimentaire et déséquilibres nutritifs sont au menu de ces situations de plus en plus fréquentes d'insécurité alimentaire. Le journal La Croix revient à cette occasion sur l'annonce faite par le ministre Stéphane Le Foll d’une exonération fiscale pour les dons du secteur agricole, comme le réclamait l’association créée par Coluche.
Pendant ce temps au Sénat, une proposition de loi vient d'être votée pour renforcer la lutte contre la contrefaçon. Problème: le texte contient une mention sur les "obtentions végétales", les variétés vendues aux agriculteurs par les semenciers. Comme le souligne Terra Eco, "le Réseau semences paysannes voit dans ce texte "un arsenal répressif" mis à disposition des semenciers pour venir à bout des agriculteurs récalcitrants à leur passer commande tous les ans". Et la crispation est légitime, détaille avec attention le média qui vient de sortir un hors-série sur l'alimentation, histoire de parcourir le long et tortueux chemin qui sépare la fourche de la fourchette.
En attendant, SoonSoonSoon a dégoté quelques idées expérimentées actuellement pour répondre aux défis de demain, tel le Bus Roots propose par exemple un "ingénieux système de toiture végétale" à installer sur les bus de New York..; de quoi créer 15 hectares d'espaces verts supplémentaires, soit "l'équivalent de deux parcs Monceau à Paris" souligne le site en se demandant si "New York, la ville des taxis jaunes", sera bientôt celle des bus verts ?"
La transition écologique sera-t-elle démocratique ?
Après la clôture des négociations sur le climat de la COP19, et alors que la transition écologique coûtera des milliards d'euros en Europe, certains estiment que beaucoup d'énergie a été dépensée pour un résultat prévisible: "à Varsovie, la dramaturgie habituelle des conférences sur le climat a permis aux uns et aux autres de montrer leurs muscles et leur résistance au manque de sommeil, deux ans avant le rendez-vous essentiel de Paris" estime ainsi Ronan Dantec porte-parole de CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis) pour le climat et conseiller municipal de Nantes.
Comment agir, dans ces conditions? Si les dirigeants n'arrivent pas à s'entendre dans les temps pour répondre à l'urgence écologique, devra-t-on se tourner vers des solutions locales ascendantes ? Alors que se tient à Strasbourg le premier forum mondial de la démocratie, la chercheuse à l'Oxford Internet Institute de l'Université d'Oxford Amanda Clarke a rédigé un rapport dans lequel elle insiste sur le pouvoir d'agir donné par Internet à la société civile. Pour elle, "les gouvernements, les corps législatifs et les partis politiques doivent être plus créatifs dans leur manière d'associer Web et engagement civique. Bien souvent, ces institutions ne font que répliquer sur le Web ce qu'elles pratiquent depuis toujours (comme les consultations publiques). Il faut repenser les anciennes traditions et en créer de nouvelles. Ainsi, l'externalisation ouverte (ou crowdsourcing) peut muscler la participation démocratique et améliorer l'efficience des institutions politiques. Investir plus sérieusement dans le suivi des médias sociaux est aussi une option pour comprendre les attentes et mieux répondre aux besoins".
Alors que les expériences de démocratie 2.0 se multiplient partout sur la planète, de plus en plus de collectivités ont recours au financement participatif pour financer des infrastructures qu'elles n'ont plus les moyens de financer. Une façon de dire que nous ne pouvons que compter que sur nous même maintenant ?